Mes salutations jeunes gastéropodes de la Comté,
Parfois, il est des films que l’on adore, que l’on chérit, que l’on adule. Il est des auteurs que l’on rencontre et que l’on ne trouve que tardivement le courage de les écouter narrer leurs propres récits, tant les adaptations cinématographiques ont été sublimes.
Etrange est alors cette réflexion qu’est la mienne en cette douce soirée du début de l’été, lorsque la pluie commence à peine à s’installer pour interpeller les habitants à la transition. Je me suis longtemps évanouie dans les images pré-mâchées de Peter Jackson, subjuguées par les paysages et les mots, chaque année durant, depuis le premier visionnage de cette trilogie emblématique. Je me laisse alors aisément perdre dans les propos de Legolas, dans les monts vertigineux d’Aotearoa et l’univers atypique et surtout unique de Tolkien. Ainsi, quelle angoisse et honneur de lui rendre hommage à présent, après avoir pris ce courage de débuter la lecture du Tome 1 - La communauté de l’anneau.
Jadis j’ai lu le Hobbit, suivi du Silmarillion (son œuvre phare de toute sa mythologie) que je n’ai pu terminer. Naguère j’ai commencé Le Seigneur des Anneaux sur lequel j’ai mis une pause, car parfois, il n’est pas encore le moment pour nous de les savourer à ce moment précis.
A cette seconde lecture, j’ai dû oublier l’adaptation, ces bons souvenirs si touchants et sublimes pour découvrir, comme pour la première fois, cette histoire. Nous y sommes à présent et c’est un délice.
Coup de cœur visuel, coup de cœur d’univers.
Tolkien est un écrivain, un créateur d’univers, un linguiste hors pair, un humaniste qui a fait voyager moult rêveurs. Laissons-nous encore nous embarquer dans son navire imaginaire pour aller à la rencontre de son plus complexe, son plus beau, son plus étrange et fantastique univers qu’on ait pu rencontrer jusqu’alors, et que l’on ne pourra jamais détrôner.
En 3 points → Aventure, fantaisie, philosophie
« Tout ce qui est or ne brille pas, Tous ceux qui errent ne sont pas perdus ; Le vieux qui est fort ne dépérit point. Les racines profondes ne sont pas atteintes par le gel.
Des cendres, un feu s’éveillera. Des ombres, une lumière jaillira ; Renouvelée sera l’épée qui fut brisée, Le sans-couronne sera de nouveau roi. »
LE CORPS DE L’OEUVRE
De sa chair généreuse, « La Communauté de l’Anneau » est pourvu de bien des mots et d’aventures. Son embonpoint qui, au premier abord, peut en effrayer plus d’un, n’est qu’un leurre que seuls les plus curieux et non moins courageux peuvent relever. Car, comme me l’a précisé un jour un très bon ami, les plus longues histoires sont les meilleures.
Nous voilà donc emportés (pour ceux qui ne sont pas initiés à Tolkien) dans une aventure fantastique sans point de retour.
« La maison est derrière, le monde est devant ».
L’univers de Tolkien dont est constitué Le Seigneur des Anneaux est un monde fantastique des plus complexes tant par sa structure que ses détails. Fin linguiste, chaque mot est choisi avec précision (mieux appréciable en anglais, il en va de soi), chaque personnage a son analyse et chaque rencontre est une philosophie.
En mots brefs, Tolkien a créée un univers entier constitué d’orques, d’elfes, de nains, d’hommes et de hobbits (n’oublions pas les magiciens qui est une suite logique), tous constituants d’une lignée préalablement travaillées, formant un tout, un microcosme à part entière et complet. Tolkien a créée des langues pour chacun de ces peuples, complexes et uniques, des cartes et des villes, des terres et des forêts, des collines et des tertres. Tolkien a créée des personnages tertiaires complémentaires à sa mythologie, allant de créatures démoniaques (Balrog), à des spectres (Nazgûl) jusqu'aux créatures des ténèbres (Êtres des Galgal). Je pourrais continuer ainsi à n’en plus finir, faisant éloge sur éloge, mais nous ne sommes pas ici pour cela. Alors mettons-nous à table avec des préliminaires de ce festin tardif.
« La Communauté de l’Anneau » est le Tome 1 de la trilogie « Le Seigneur des Anneaux », une édition de Christian Bourgois de 1972 pour cette présente édition française.
DES PRÉLIMINAIRES EN ÉMOIS
Dans cette quête aux propos, des phrases mythiques s'immiscent.
« - Quelle pitié ? C’est la Pitié qui a retenu sa main. La Pitié et la Miséricorde : ne pas frapper sans nécessité. Et il en a été bien récompensé, Frodon. Soyez assuré que, s’il fut si peu atteint par le mal et s’il s’échappa en fin de compte, ce fut parce qu’il avait commencé sa possession de l’Anneau de cette façon. Avec Pitié. », p.88.
D’autres nous rappelleront des souvenirs.
« Mais, bas au sud, une étoile brillait, rouge. Frodon pouvait la voir de sa fenêtre, enfoncée dans le firmament et flamboyant comme un œil vigilant qui brillait avec éclat au-dessus des arbres au bord de la vallée. », p.365
Certaines apporteront cette description sans pareille que Tolkien nous offre dans ces pages.
« A la fin du jour, ils arrivèrent à un ruisseau qui descendait en serpentant des collines pour se perdre dans le marécage stagnant, et ils en suivirent les bords tant que la lumière dura. Il faisait déjà nuit quand ils finirent par s’arrêter et établir leur campement sous quelques aulnes rabougris près des rives du ruisseau. », p.250.
« Ils n’entendaient que quelques mots, mais il leur parut évident que c’était une chanson de pluie, aussi douce que les averses sur les collines desséchées, et qu’elle contait l’histoire d’une rivière de sa source dans les hautes terres jusqu’à la mer, loin en contrebas. », p.179.
Et le phrasé des personnages sera toujours aussi déroutant qu’enjaillant.
« - J’ai le cœur dans les doigts de pied, monsieur Pippin, dit Sam. Mais on n’est pas encore mangés, et y’a des types forts ici avec nous. Quel que soit le sort réservé au vieux Gandalf, je parie que ce ne sera pas dans le ventre d’un loup. », p.396.
Bien que nous sachions ce qu’il en adviendra réellement par la suite.
UN METS POUR QUELLE DILETTANTE
Ce roman de fantaisie est fait pour les jeunes aventuriers curieux de péripéties, ainsi qu’aux plus sages Rôdeurs déjà familiers à ces terres désolées, quelles que soient leurs contrées d’origines.
Ils se plairont à ravir de gravir aux côtés des Hobbits, monts et vallées, terres hostiles et Forêt Noire, dans une quête à bout de souffle vers la destruction du Mal. Ce sont des images décrites à la carte, des atmosphères précises, lourdes et parfois oisives, des paysages et des couleurs insolites que nous pouvons aisément imaginer, tandis que celles-ci sont loin d’exister.
Fan invétérée, découvreur de la veille ou nouveau compagnon de cette aventure, il suffit de laisser sa besace de confort et ses habitudes pour se laisser happer dans cet univers d’or et de hauts faits.
« Un Anneau pour les gouverner tous. Un Anneau pour les trouver. Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier. »
TOLKIEN J.R.R. Le Seigneur des Anneaux - La Communauté de l’Anneau. Editions Christian Bourgois, 1972
SOURCES
Tolkien le Seigneur des écrivains : https://www.youtube.com/watchv=FYI_K2rn8Q8&t=1545s
Créatures du Seigneur des Anneaux : https://lotr.fandom.com/fr/wiki/%C3%8Atres_des_Galgals
Poèmes et textes en anglais : https://www.tolkiendil.com/arts/traductions/sda/livre1/poem_of_the_ring
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