Bonsoir jeunes gastéropodes insomniaques,
On dit souvent, que ce sont les soirs de pleine lune que nos rencontres les plus émouvantes s’affrontent, lorsque la lumière à peine aperçue au travers de la fenêtre se love dans la chambre ténébreuse où les rêves se confondent bien aisément avec les valises fantomatiques des esprits errants de la forêt.
Jadis nous entendions l’écho du Nord résonner au travers des fourrées sauvages. Désormais, c’est le chant mélancolique des âmes perdues qui hantent les esprits des humains endormis. C’est dans cette atmosphère lugubre et incertaine que nous retrouvons la sortie de cette année dénichée au Salon du Livre 2024.
Présentation de « Rautīemoemaiteraru, Les Stigmates de la lune » de Rehia Tepa.
En 3 points → Orphelinat, héritage, fiction
LE CORPS DE L’OEUVRE
Parfois, il est des livres que l’on dévore, des livres que l’on finit d’une traite sans question. Et puis il arrive aussi que la fin reste en suspens, comme inaccomplie ou tout simplement mal comprise. Et bien, c’est tout à fait de la sorte que la fin m’est restée en bouche. J’étais consciente qu’elle avait une belle chute mais je ne comprenais pas laquelle. C’est réellement et littéralement à la seconde lecture (pour se rafraîchir la mémoire au cours de la rédaction de cet article), que j’ai finalement compris le dénouement. Et quel dénouement !
La lecture des dernières pages m’a permis de restituer et combler ce vide d’un plat délicieux que l’on n’a pas terminé. Une pizza froide au petit-déjeuner : la meilleure des façons pour commencer la journée.
Cette pièce de théâtre est un petit plat littéraire qui se mange chaud ou froid, une fierté à lire et un plaisir à partager. Une fierté face à cette jeunesse passionnée par son Histoire et son identité, une jeunesse littéraire qui fait perdurer la mémoire et l’ancrage grâce à la plume, grâce aux mots pour panser les maux.
Ce morceau de vies mouvantes se divise en 3 actes où 10 personnages existent sur une île recluse, dans un orphelinat à l’orée d’un bois.
« Rautīemoemaiteraru, Les Stigmates de la lune » est une édition Littéramā’ohi de 2024.
DES PRÉLIMINAIRES EN ÉMOIS
Quand je parle d’Histoire, on parle bien évidemment de cette tentative de briser une culture afin de la faire dissoudre comme un vulgaire Efferalgan dans de l’eau brunie par de mauvaises intentions.
« Vous vous adresserez à vos élèves dans des langues d’excellence et bannirez tout autre dialecte barbare - DAVID », p.25
Et dans cette jeune rédaction, on entend aussi les petits accents de littéraires qui se plaisent à placer ici et là des références dans la bouche de ses personnages fictifs. Et on adore !
« L’enfer est vide, tous les démons sont ici - MARIE. », p.53
Offrant alors un tout autre sens à cette citation que William a pu nous donner à l’époque, naguère dramaturge et poète du XVIe siècle.
Et à vrai dire, je voulais mettre d’autres passages mais avec du recul, je me rends compte que mes coups de cœur vont spoil un peu trop le livre. Je terminerais donc avec un passage assez simple pour donner l’avant-goût de cacahuètes.
« [...] On parlait de quoi, déjà ? Ah oui, les gosses, hu’a mā. De vraies petites lumières. Vous savez, je les ai vus grandir ; y en a, sont partis ‘tafé, sans jamais revenir ; mais je peux vous dire une chose, beaucoup de parents à eux, seraient fiers - PIERROT. », p.40
Un dernier pour la route, allez :
« Ne sois pas triste… Tu peux toujours essayer de demander à Mme la Lune ce soir, directement ! Elle sera tellement grosse qu’elle pourra sans doute bien t’entendre ! T’auras même pas besoin d’aller dans les bois - APOLLINE. », p.50
UN METS POUR QUELLE DILETTANTE
« Rautīemoemaiteraru, Les Stigmates de la lune », est une pièce de théâtre pour les adolescents et les adultes. Un moment suspendu où la fiction se frotte à la réalité comme une évidence médiumnique pertinente. Les détails « clin d'œil » à l’Histoire sont des appels de phares qui font sourire car perceptibles à plusieurs kilomètres, et en même temps nous désolent avec un pincement au cœur pour sa triste réalité.
La plume est douce et agréable où s’y logent des rimes et des « tacles » des plus délectables face au colon destructeur d’identité et de culture (si nous osons utiliser ces termes) (oui nous osons).
Un bel appel à la Mémoire et à l’écriture que je recommande bien évidemment (très) fortement.
REHIA Tepa, Rautīemoemaitearu, Les Stigmates de la lune, éditions Littéramā’ohi, 2024
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