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Bazin « Le grand méchant doux » - Le Lundi-littéraire

Mes salutations avides gastéropodes,


Bazin « Le grand méchant doux » - Le Lundi-littéraire Manutea Rambaud maanurmd photographie Photographe Tahiti littérature française hervé bazin nouvelles

Nous voici en ce premier mois de Janvier de l’année 2024 et si mes vœux ne sont pas encore arrivés jusqu’à vous, j’en suis fort outrée mais également je les envoient de ce pas avec amour et sincérité : Que cette nouvelle année soit riche d’expériences et de bien être, et n’oubliez pas ! Les projets les plus fous mettent du temps à grandir et s’épanouir.

Mais revenons vite à ce pourquoi nous sommes ici : littérature, lecture et autres vices légaux. Toutefois, avant de commencer cette nouvelle rencontre, revenons en arrière.


Noël 2023, j’ai eu la fâcheuse, merveilleuse, que dis-je ! Ingénieuse idée de tomber malade en cette période festive et familiale de l’année. En effet, quoi de plus réjouissant qu’un coup de froid assez banal, et pourtant si fatiguant, pour terminer l’année ?

Mais soit, il est des choses indécises et impensables auxquelles nous ne pouvons avoir constamment le contrôle.

J’ai donc profité, ou du moins essayé, durant cette convalescence interminable, de me pencher sur des petites lectures. Car, autant rien faire, faisons-le bien. Je me suis donc saisie d’un livre m’appelant dans la bibliothèque, un fameux Hervé Bazin qui m'intriguait depuis un temps déjà.

Nous voici donc dans un exercice pas piqué des hannetons car c’est avec les yeux fion et une somnolence constante que je tentais avec peine de lire les lignes. Créant dans ces petites lectures, une sorte d’intermède publicitaire entre les siestes régénérantes. Au final, je ne sais pas si c’est de l’inconscience ou du masochisme mais le fait est là, présentons « Le grand méchant doux ».



En 3 points → Nouvelles, humour, bouleversements



ANATOMIE DE L'OUVRAGE


« Le grand méchant doux » est un recueil de 8 nouvelles fort goûteuses. Un petit format qui permet un transport aisé et des lectures succinctes lorsque l’on se déplace par les airs, les rails ou les flots, lorsque nous ne sommes pas soumis à un mal des transports des plus handicapants. Ainsi, du fait que ces histoires soient restreintes, la lecture peut être interrompue sans embarras, que cela soit par des passants, des regards étranges, l’appel de la station ou le repos des yeux pour observer le paysage.


Cette œuvre écrite par Hervé Bazin vient des éditions Grasset & Fasquelle de 1992 (édition originale).


Bazin « Le grand méchant doux » - Le Lundi-littéraire Manutea Rambaud maanurmd photographie Photographe Tahiti littérature française hervé bazin nouvelles


DES PRÉLIMINAIRES EN ÉMOIS


Qui dit nouvelles, dit chutes qui font frétiller le pelage de nos bras tendus, tiraillés par une lecture acharnée sans pause au regard d’une lecture intense qui nous fait battre le cœur aussi vite qu’un XTERRA dans les profondeurs de l’île de Moorea.


Aussi en raison de l’époque, nous prenons également conscience des débuts de l’audiovisuel (avec la première sortie du caméscope Sony en 1983) et la révolution des souvenirs.


« Le souvenir aujourd'hui dispose de moyens très supérieurs à la mémoire. On meurt, mais on demeure. On peut même, d’année en année, laisser aux nôtres la collection de tous nos visages. »

L’écriture d’Hervé Bazin, c’est également un délice visuel et de comparaison.


« - Les vaches ! fait-il pourtant, d’un coin de bouche. 
De la pie noire ou de la pie rouge, mufle dans l’herbe ou queue relevée pour lâcher une cascade, il y en a un peu partout dans les prés arborant le vert acide printanier, alternant avec du brun de labour et le canari des colzas en fleur. Mais Aline n’en doute pas : c’est plutôt son frère qui rumine. »

J’en parle un peu plus loin pour l’aisance de lecture donc en attendant, voici un exemple d’une tartine de phrase qui défrise le brushing de bien des contemporaines.


« On enrage de voir une poivrote transformer ta sueur en vinasse, une coquine paralysée par la flemme ne gagner quatre sous que sur le dos, et les deux, à longueur de journée, se foutre de toi avec entrain. Et on se dit : bonhomme, quand est-ce que tu caltes ? »

En parlant de tartine, terminons avec cette description des plus délicieuses.


« Sur le quartier, chichement éclairé, scintillaient quelques dizaines d’étoiles perdues dans un ballet de nuages rapides où, par moments, réapparaissait aussi un très fin croissant de lune. »


UN METS POUR QUELLE DILETTANTE


Le recueil de nouvelles « Le grand méchant doux » est une œuvre pour des “milieux adolescents” et adultes. Toutefois au premier abord, cette lecture n’est pas forcément aisée. Il faut un temps pour s’habituer à la structure de phrases plutôt longues et dont le vocabulaire peut dérouter quelques-uns si nous n’avons pas l’habitude (dû à l’époque d'écriture).


Mais de manière générale, c’est une lecture accessible et surtout passionnante pour ceux qui veulent se replonger dans un Paris d’antan, dans les rues, les stations de métro et dans quelques histoires qui peuvent faire écho à une jeunesse peu gaie mais constitutive de l’époque.


Bazin « Le grand méchant doux » - Le Lundi-littéraire Manutea Rambaud maanurmd photographie Photographe Tahiti littérature française hervé bazin nouvelles


BAZIN, Hervé. Le grand méchant doux. Editions Grasset, 1992


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