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« Le pouvoir du mana » - Céline Hervé Bazin (lundi-littéraire)

Dernière mise à jour : 7 nov. 2023

Salut les curieux littéraires,

Le lundi-littéraire - Le pouvoir du Mana par Céline Hervé-Bazin

En cette période étrange de pluie, je ne ferais qu'une courte introduction sur l'inspiration vagabonde de mon environnement, car l'on va s'attaquer à un sacré livre.


Cet ouvrage risque de faire couler bien de l'encre lorsque celui-ci sera connu. D'un côté par ceux qui ne lisent pas, rythmés par les préjugés et la lecture unique de la quatrième de couverture (comme Bruno Saura et son Tome II « Des Tahitiens, des Français »). De l'autre côté, par ceux qui veulent protéger la culture, jalousement, au risque de ne pas la perpétuer et la laisser s'essouffler par manque de voix.


J'avoue honteusement mais sincèrement, avoir été motivée par des préjugés désolants pour ma part. Cependant, ne m'arrêtant pas à ces émotions nocives, j'ai feuilleté les passages, les remerciements et ô grands dieux qu'ai-je pu voir de délicieux ? Le nom d'Edgar Tetahiotupa et au sein même de l’ouvrage, des noms tels que Teiki Huukena, Tahiarua Onohi Mihinoa a Tati dit Tiurai, Hinanui Salmon, Makau… Bref, tout ça pour dire que ce livre ne sort pas de nulle part, ni de l’imaginaire de quiconque.



 

⚠️ Attention « Disclaimer » ⚠️

Je souhaite un respect des paroles et des pensées sous cet article mais aussi sur le partage des réseaux sociaux. Car, quand bien même elle nous livre un savoir, des rituels et de la connaissance, il s'agit d'une formation d'une vie, qui doit être accompagné de maître(s) comme toute élévation spirituelle (on ne devient pas chaman, tahu'a, sorcier, alchimiste, quelque soit le nom, en 3 jours). Il faut avoir des connaissances sur la culture, la langue, il faut être initié ou sensibilisé à certains sujets pour comprendre, rien que la base.

Donc pour ceux qui craignent de perdre la culture en la partageant, n'ayez crainte, au contraire. Ce n'est pas en terminant ce bouquin que l'on peut comprendre l'essence profonde du Mana et de notre culture.

 


D'autant plus que garder tout ça pour soi ne permet pas de sauvegarder notre identité. Prenons comme exemple la langue du hakka local : elle est vouée à mourir car personne ne l'utilise, elle n'est pas apprise par les jeunes et on ne leur explique pas l'importance de l'apprendre, de la connaître et de la sauvegarder.


 

Comme de coutume, l’article se divise en 3 parties : L’anatomie de l’ouvrage, des préliminaires en émois, un mets pour quelle dilettante. Mais pour celui-ci, j’aimerais ajouter une quatrième partie sur mes « notes personnelles », ce que la lecture de cet article m’a apporté, car il m’a donné beaucoup et je lui en remercie.



En 3 points → Polynésie, Mana, culture


 


ANATOMIE DE L’OUVRAGE


Le corps de cet ouvrage se divise en 3 grands chapitres, accompagné d’une longue introduction non négligeable et qu’il ne faut surtout pas rater. En effet, une présentation est nécessaire et elle nous l’offre de la plus belle forme qu’elle soit.


« Bravons le Tapu* en présentant l’intention et « l’identité » qui accompagnent ce livre. Selon la coutume polynésienne, toute rencontre appelle à des salutations avec une première question : « O vai oe ? ». »

* note ajoutée : dans cet ouvrage, elle nous rappelle le sens premier de « tapu » qui est sacré, avant de devenir « interdit ».


Ce qui me plaît dans ce livre, ce sont les différents liens qu’elle fait avec les cultures, les mots, les langues… Ce sont des recherches anthropologiques, étymologiques, des rapprochements et des liaisons que je me plais à faire. En d’autres termes, elle a fait des recherches comme je les aurais faites et c'est ça qui me parle énormément.

Tout a un lien, malgré des différences apparentes, tout se rejoint et c’est ce qui fait la beauté de l’humanité, des cultures, des croyances. Tous ont quelque chose à raconter et tous sont délicieusement intéressants.


« Le chamanisme est un mot d’origine russe, du toungouse šaman, dont la prononciation et l’évolution de l’orthographe ont donné naissance à shamanism et « chamanisme ». Le mot šaman partage une racine avec sramana ou samana, mot pâli, langue indo-aryenne voisine du sanskrit. [...] Dans son article « Le problème du chamanisme » (1946), Mircea Eliade rappelle ce rapprochement qui semble troublant étant donné les similitudes entre les mots issus du Mana polynésien et ceux utilisés par la cosmogonie indienne. »

Également, nous pouvons retrouver une déconstruction des clichés de la Polynésie fort appréciable, des problématiques soulevées concernant l’identité polynésienne, avec une tentative de définition de ce qu’est le Mana en le rapprochant de l’Hindouisme (5 souffles du prana), de la culture en NZ, à Hawaii, en Chine/Japon (Qi), avec la mythologie nordique, etc.


Au final, l’anatomie a été très brièvement survolée pour favoriser les différents points développés.



DES PRÉLIMINAIRES EN ÉMOIS


Passons donc aux extraits qui pourront plus aisément titiller vos papilles de curieux littéraires, tout en sachant que ceux-ci ne pourront pas résumer tout le contenu. J’ai également pris le soin de prendre des parties qui peuvent être lues sans le contexte afin d’éviter toute mauvaise compréhension.

« Il est difficile de savoir qui dit « vrai » quand l’histoire a légué peu de traces tangibles. Les quelques vestiges comme les Marae ou les Tiki parlent peu. Résultat, cette tradition orale est blessée. Mutilée par les cultures immigrées mieux mémorisées et déchirée par les luttes intestines au sein de la communauté, l’identité polynésienne est à la fois accidentée et fière de son héritage. »

Les différents aspects de la culture y sont mentionnés, constitutifs de ce Mana. De par ce même souffle, s’y développe diverses manières de le pratiquer, par la danse, le ‘orero, le tatouage, les massages, les lieux, les étoiles, etc.


« Le pinceau est l’outil qui ancre le dessin, le doigté est l’encre qui imprime l’énergie et le Mana est l’énergie de l’artiste qui délie les secrets du Tātau, le tatouage sacré traditionnel. »

Nous y retrouvons également des principes simples, des mots que nous utilisons tous les jours, oubliant sa véritable signification.

« Le Fenua, ce sont les racines que porte un individu. [...] Le Fenua, c’est la terre qui forge l’ancrage à la terre. »

Ainsi que des principes qui font écho à d’autres.


« La loi du Muru est la matérialisation des conséquences de nos actes en rapport avec les lois vibratoires de l’univers. Le Muru nous enseigne que nous participons au « TOUT » de l’univers et que toute confusion dont nous serions responsables nous sera rendue. »



UN METS POUR QUELLE DILETTANTE ?


J’avoue que je ne sais pas si cette lecture est facile. En tout cas, je m’en suis délectée en 4 jours top chrono, et ce, avec passion.

Sinon s’il fallait que je donne une réponse, je considère qu'il n'est pas accessible pour tous, dans le sens où il faut être familier au vocabulaire en tahitien, à certains principes, aux personnes, aux symboles, à la culture, etc. Un lecteur n'ayant aucune sensibilité à ces sujets aura beaucoup de difficulté de compréhension (ou du moins plus longue). Ce livre n'est pas un amas de vulgarité, déconstruisant sans respect ni compréhension une culture, loin de là !


Il faut avoir un minimum de connaissance pour comprendre, mais aussi être sensibilisé à la spiritualité, il en va de soi.



NOTES PERSONNELLES


Je me suis rendue compte que j’effectue des rituels sans le savoir. Je suis allée chercher loin ma spiritualité, alors qu’elle était devant moi. (pensée personnelle)

D’où l’importance de cet ouvrage.


Je ne pense pas être la seule à me chercher, à faire des rituels sans le savoir, à me diriger vers d’autres cultures pensant que ma réponse est là-bas, attirée par des noms, des mots, des principes, une philosophie de vie… Au final, nous cherchons souvent « loin au-delà » tandis que la réponse est à nos pieds, nous murmurant chaque nuit ses secrets, nous délivrant chaque jour ses messages. Nous sommes devenus aveugles dans cette frénésie de la vie moderne, oubliant qui nous sommes, nos racines et notre mémoire. Arrêtons-nous un instant de courir, de penser et prenons enfin le temps d’écouter, de respirer et d’accueillir, car nos tupuna sont là à nos côtés, pour nous guider et nous insuffler le pouvoir.



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