22 octobre 2023 - Le Salon du Livre
Pour ce dernier jour de cette 23e édition du Salon du Livre, procédons à contre-courant avec cette lecture de la 27e revue de l’association Littéramā’ohi puisque ce dernier rendez-vous au pied du banian en fut des plus enchanteurs.
Dans les voix de ces femmes, naissent les poèmes, sous une forme vivante, une vibration, une onde palpable. Les mots prennent vie dans le souffle de ces entrailles, expulsées dans un écho aux intonations, à la virgule, à la respiration.
Nous le mentionnons tantôt, la poésie veille, elle s’écrit, s’écrie, sur les planches et le sol, pour grandir, s’épanouir, dire.
Cette rencontre est un moment d’inspiration sous l’étendard de l’espoir. L’espoir de l’écrire, l’espoir de divulguer. Non pas dans le silence mais dans les murmures qui nous sont apposés sur nos épaules dénudées.
D’ATMOSPHÈRE ET DE RESSENTIS
Ce matin, la chaleur s’engouffre dans les allées du Salon comme une visite inopinée au regard des derniers jours qui étaient indécis quant à cette prise de décision météorologique. Toutefois, ce changement incessant et imprévu en fait toute sa beauté, apportant émotions fortes, vives réactions et sourires d’allégresse. Entre course poursuite pour couvrir le matériel, réflexion immédiate pour adapter le programme, c'est dans un soupir de soulagement que se gonfle les poumons des invités ainsi que des organisateurs car ces rayons de soleil, aussi anodins soient-ils, apportent une délicieuse récompense.
Cette quatrième journée annonçant la fin de ce Salon du Livre, se présente sous une lumière radieuse. Et c’est au pied de l'arbre sacré que les connexions s’animent. De la présentation de l’ouvrage Amo i te utu’a – Porter sa peine – La prison en Polynésie française (Marie Salaün et Jacques Vernaudon), à celle d'une conversation sur l’intelligence artificielle ou d'une autre sur le sujet de « Langues et le territoires », ce dimanche après-midi en fut des plus enrichissants. Nous ne pouvons malheureusement pas tout partager de par ce format, mais nous nous arrêterons sur « Langues et le territoires », sous la modération de Jacques Vernaudon et l’intervention de Yan Lespoux ainsi que de Marcel Melthérorong.
L’HUMAIN DÉLIVRE
« Langues et le territoires », c’est une vaste parenthèse qui n’en est pas une. Une réalité des plus présente, faisant diverger les opinions entre les générations et l’évolution des Hommes. De ce fait, Yan Lespoux nous rappelle (ou nous apprend), que les locuteurs peuvent apprendre mais ne peuvent pas pratiquer la/les langue(s).
« La langue est invisibilisée dans la société » (Yan L.) puisque la langue de la République est le français et en élever d’autres créerait des inégalités. En d’autres termes « on donne le droit d’enseigner des langues mais pas de les utiliser (uniquement dans des cas spécifiques, dans le privé et non dans le cadre publique). » (Yan L.)
Nous n’avons donc pas la possibilité de pratiquer cette langue que l’on a à cœur d’apprendre.
Alors, qu’est donc une langue que l’on ne parle pas ?
« Les langues vivantes, leurs particularités c’est qu’elles évoluent sans cesse et ça c’est un débat que l’on a avec l'Occitan. A un moment, on ne peut pas figer la langue et dire je vais uniquement parler la langue comme l’arrière grand-père. La société évolue, la langue évolue, la langue elle vit. C’est un signe de vivacité justement quand la langue évolue. Une langue qui n’évolue jamais n’est pas une langue vivante, c’est très vite une langue morte. » - Yan Lespoux.
Par la suite, est entré dans le débat celui de la création de langues. Toutefois je pense que nous n’aurons pas assez de place ici pour faire un résumé des plus respectueux de la parole de tous. C’est ainsi, et très abruptement je l’avoue, que je termine ce partage d’humains, bien que je sois persuadée que cela ait pu attirer l’attention de certains, amenant à des recherches, des réflexions ou des remises en question. Achevons cependant cette partie avec quelques propos que l’on a retenus.
« [Les enfants] sont propriétaires de la langue. » - Marcel Melthérorong
« On ne parle pas une langue ou une autre mais une langue et une autre. » - Mireille Vignol
LE BÉGUIN DU JOUR
Ce n’est pas un béguin seul et unique que je partage aujourd’hui, mais un béguin généreux, de personnes et de moments. C’était un événement intense mais si riche, et j’ai bien l’impression de me répéter avec ce mot. Pourtant je ne pourrais pas le dire autrement. Ces humains conviés, ces paroles échangées, ces accrochages impromptus étaient des plus beaux, des plus sublimes, merveilleux, élégants, estimables et admirables. Trop peu de synonymes pour illustrer à quel point j’en fus touchée. La gentillesse, la passion, l’envie de partager et cette énergie à donner en sont les raisons principales. J’ai beau être présente à tous ces Salon du Livre depuis des années déjà, je ne me lasse pas de cet événement. Et du fait que j’ai pu être au contact direct avec les invités, les intervenants, les organisateurs, l’expérience en fut tout autre.
C’est donc sur une (seconde) note de reconnaissance que nous mettons un point sur cette rubrique.
A la fin de cette journée, j’ai bien eu du mal à partir de ces lieux tant chargés d’émotions, d’autant plus que le dernier aurevoir de notre astre en fut des plus radieux.
Et quel coucher en effet ! Je n’ai pas eu le réflexe de capter ses derniers rayons, mais un feu rouge annoncé, j’ai dégainé du mieux que je pouvais mon boîtier pour arriver peinement et prestement à cette image. Certes flou mais une divergence technique de l’objectif face au miroir du rétroviseur ne permettait pas une mise au point des plus accrues. C’est ainsi que, de manière furtive et animée, nous voilà amenés à se quitter. J'espère que nous nous croiserons prochainement dans cette rubrique pour de nouvelles aventures animées, animantes et bouleversantes.
Nous terminons (vraiment) ce chapitre avec la fresque des enfants, précédemment vu dans un article. Un aperçu de leurs visions du monde de demain, là où vogue l’imaginaire, là où les maisons enchaînées flottent et là où des enfants libres et pluriels sont fougueusement unis dans leurs différences.
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