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Rambaud - « Comme des rats » - Le Lundi-littéraire

Salut jeunes gastéropodes des vents indécis,


Rambaud - « Comme des rats » - Le lundi-littéraire Manutea rambaud maanurmd photographe tahiti polynésie française littérature paris

Nous nous retrouvons en ces temps interdits où l’inspiration se laisse happer par des courants profonds, attrapant nos pauvres gambettes fluettes d’humains sans force face à la nature déconcertante. Mais soit, tout ceci n’est qu’un amas de mots improbables dont l’esprit se laisse aisément divaguer par la soirée d’un mois de janvier plutôt frais au vu de l’heure tardive. Bref, tout ça pour dire que je ne savais quoi écrire pour cette introduction alors j’ai mis plusieurs mots à la suite pour embrouiller le lecteur que vous êtes. Alors cessons donc toute cette mascarade et présentons de ce pas le roman de Patrick Rambaud « Comme des rats ».



En 3 points → Paris, aventures, société



ANATOMIE DE L'OUVRAGE


C'est sur des pavés crasseux où poubelles écarlates de poussières de carburants et de pisses âcres des rues de Paris, que nous suivons l’aventure d’une société de rats. Nous passons donc d’un rat à un autre d’une banalité aussi tragique qu’est la véreuse et sanglante survie de ces rongeurs.


D’une certaine manière, il y a une sorte de retournement de “dénomination”. En effet, les humains sont vulgairement nommés Gros tels qu’ils sont aperçus par la petitesse des rats (du moins je le pense et c'est ce que j'espère ?). De l’autre sens, les rats se nomment et sont nommés par des prénoms d'humains de type Gaspardino ou Hubert, d’une simplicité aussi déconcertante que lorsque l’on interpelle notre voisin de quelques noms d’oiseaux car son moteur fulmine dès 4 heures du matin sans aucune raison apparente.  


« Comme des rats » est un roman d’aventure ratiesque des éditions Grasset & Fasquelles de 1980.


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DES PRÉLIMINAIRES EN ÉMOIS


C’est dans un Paris non si loin de notre modernité et de l’hygiène actuel que nous prenons une barque de conserve périmée pour se laisser voguer dans les canalisations de Paris, bousculés par les chiens errants, renversés par le sillage des bateaux-mouches, offrant donc à ces rongeurs cette quête insatiable de nourriture entre poubelles, caves et murs d’appartements.


Tout d'abord, entamons avec la dix-septième page de ce roman qui, je l'avoue, m'a bien choqué par la violence des images qui se sont insinuées sans le vouloir dans mon esprit. Donnant ainsi l’avant goût de ce qui sera offert par la suite au lecteur.


« Quand le camion se gare, Tofano est mort. Vite les autres rats se le partagent et le mangent pour ne pas laisser de traces, ensuite ils courent se cacher à l’intérieur des carcasses. Gaspardino n’a pas le temps de terminer sa cuisse de Tofano, il s’apprête à monter dans l’une des carcasses lorsque les portes s’ouvrent. »

Ensuite, ce que nous pouvons aisément retenir, ce sont les sujets phares qui reviennent sans cesse : la  faim perpétuelle par la survie.


« La Grosse grignote un millefeuille qui lui barbouille le menton de sucre. Elle tient un papier de pâtissier sous le gâteau, et on peut se demander si elle veut récupérer les miettes, ne pas salir le macadam, garantir sa robe ou priver un rat de nourriture. »

Avec, sans oublier, une comparaison constante des humains aux rats.


« [...] les rats demeurent avec les Gros les seuls animaux qui se battent sauvagement entre clans. »

« [...] la révolution n’existe pas chez les rats. L’alliance des classes moyennes bêtas et des classes aristocratiques alphas ne se brise jamais. Isolés, les omégas n’ont aucune chance. Et puis ils ne sont pas costauds, ils flippent assez facilement. »

Enfin, un clin d'œil aux tests sur les animaux nous offre un aperçu de ce que peut subir un rat de laboratoire fraîchement pêché des égouts.


« A ce régime, Hubert devient abruti et malade. Les Gros le manipulent, le ligotent, le prennent et le retournent comme une serpillière. Ils le barbouillent de fards, de crèmes régénérantes qui le brûlent horriblement et lui gâtent le pelage. »

Nous laissant ainsi en perpétuelle indécision sentimentale quant à notre position face à ces personnages de rats, où le cœur balance entre du dégoût évident et l’empathie humaine face à la douleur et le désespoir de ces rongeurs.



UN METS POUR QUELLE DILETTANTE


Le roman « Comme des rats » est une œuvre qui peut convenir aux adultes et jeunes adultes. Je tiens toutefois à préciser que certains propos parfois crus, ainsi que des scènes violentes et la manière dont certaines scènes sont décrites peuvent heurter la sensibilité de quelques-uns.


Toutefois, la lecture se fait très aisément. Que dis-je ? Son aisance fut telle que j'en fus toute chamboulée face à l’envie dévorante de terminer ce roman. Car quoi de plus étonnant que de se passionner du sujet que sont les rats dont l’objectif premier est de se nourrir, se reproduire et survivre ?


 C’est une réelle aventure épique bien que glauque et réaliste, se rapprochant de manière très certainement inquiétante de la société humaine.


Alors oui, cela ne peut convenir à tout le monde.


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RAMBAUD, Patrick. Comme des rats. Editions Grasset, 1980

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