Salut les gastéropodes,
Progressivement, le temps se rafraîchit pour offrir aux habitants une petite brise matinale qui effleure nos visages encore endormis, apposant sur le nez un baiser de fraîcheur qui réveille nos papilles créatives. Et c’est en cette belle matinée que nous nous réveillons aux côtés d’une découverte locale dénichée au cours du Salon du Livre dernier, et quelle grande joie que de découvrir ce genre de bouquin !
Aujourd’hui, nous prenons des bombes de peinture, notre planche de surf et nos meilleurs potes pour retourner en enfance et laisser notre corps s'éprendre éperdument de nos souvenirs de jeunes fougueux. Alors évadons-nous dans les lignes et les bulles de cette bande dessinée signée Mickey Moto, aux couleurs de chez nous et aux mots familiers qui nous font sentir à la maison (si toutefois nous aurions encore des doutes).
En 3 points → Surf, graff, rivalité
ANATOMIE DE L'OUVRAGE
« Samo, l’enfant des vagues », c’est le Tome 1 d’une BD locale aux couleurs mates et désaturées, loin de ce contraste perpétuellement exploité des images insulaires, narrant une histoire au scénario vu et revu, sans originalité. Non, ici ça vibre aussi fort que les basses hurlantes à l’instar des trips parking de Paea. C’est du bleu et du marron, des couleurs natures, des couleurs brutes qui embaument l’esprit d’une odeur familière d’embruns salés qui collent à la peau et aux cheveux. C’est ce chant des vagues constant qui endort les plus romantiques et créé de l’insomnie pour les plus terreux.
Mais nous ne sommes pas là pour nous laisser divaguer. « Samo, l’enfant des vagues », c’est de la jeunesse, du boogie et du surf, c’est de la rébellion, des émotions à cœur ouvert, c’est un quotidien après l’école (où on peut aisément s’y identifier). Quant au texte, c’est un beau mélange de tahitien et de français (la fameuse hybridation linguistique dont je parle tant) et surtout, c’est bien fait : dans le sens où les mots sont à leur place dans la structure grammaticale.
Justement, à ce sujet, la lecture peut sembler difficile au premier abord car nous ne sommes pas habitués à le lire (vu que son usage est majoritairement oral), mais lorsque le rythme est pris, on s’y habitue très facilement puisqu’il s’agit de notre quotidien linguistique.
DES PRÉLIMINAIRES EN ÉMOIS
Pour ce format de BD, il me semble délicat d’extraire des morceaux de textes sans les illustrations qui les accompagnent car, ce qui est beau dans la bande dessinée, c’est ce savant mélange du dessin et des mots, cette narration imagée et rythmée par une respiration peu commune qui nous donne ce luxe du repos de l’imagination. C’est un travail complémentaire qui offre un univers sur un plateau d’argent, laissant notre esprit aisément se laisser porter par la vague imaginaire de l’auteur, sans qu’aucune pensée ne puisse altérer notre glisse.
Je vais toutefois tenter de faire une sélection entre-coupée de quelques clichés pris à la volée. Bien qu’il soit assez complexe, encore une fois pour ce format littéraire de faire une trop grande sélection sans trop spoiler.
« Méchant la houle ! »
« Le Fafaru Gang ? … Bizarre… Avec eux, c’est les ennuis garantis. N’y pensons plus ce soir beignets de einaa. Miam ! »
« Si tes notes ne s’améliorent pas… Et que tu continues de rentrer tard… Je t’envoie chez ton père à Moorea ! Oublie la compète de bodyboard pour tes vacances. Faaroo mai !! »
« - Combien le tas ? - 500‘ - Aich ! C’est cher ! - Brad ! Tu vas le regretter ce sont les meilleures mangues du district ! -Ok pour 400. »
UN METS POUR QUELLE DILETTANTE
« Samo, l’enfant des vagues », c’est une bande dessinée destinée à la jeunesse de type adolescent. C’est une lecture qui peut se faire à l’oral pouvant ainsi apporter un caractère plus vivant avec des jeux de rôles, un aspect théâtral qui donne voix aux personnages.
Mais il est évident que la lecture peut rester silencieuse pour les plus grands en quête d’évasion. C’est une BD qui se lit très bien, très entraînante, avec de tels rebondissements qu’ils te font toucher les nuages des émotions. A tel point que je me suis vue fort déçue de ne pas avoir pris le Tome 2, tellement la fin de cette lecture en a été effrénée.
On s’y perd avec plaisir et c’est avec ce même engouement que je le recommande.
MOTO, Mickey. Samo, l’enfant des vagues Tome 1. Editions des Mers Australes, 2019
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