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Photo du rédacteurMaanu RMD

« Poète du temps passé » - Charles T. Manu-Tahi (lundi-littéraire)

Dernière mise à jour : 7 nov. 2023

A mes chers littéraires et passionnés des lignes,

Charles Teriiteanuanua Manu-Tahi "Poète du temps passé" - Le lundi-littéraire

C’est en une nuit où le cœur plus léger et le corps apaisé, que je me penche enfin sur cette œuvre qui, des jours et des nuits, restait en apnée dans l’attente d’être relue et écrite sous le format du lundi-littéraire. Ce petit recueil de poème, légué par ma tante maternelle, fut un trésor qui s’est révélé à mon esprit, et tout ce qui fait écho dans les vallées. Les murmures ont éclairci leurs voix pour venir à moi, des mots distincts, qui, depuis longtemps, n'attendent que d’être entendus.


Ces murmures, c’était ma manière de penser, d’écrire, de mettre en mots ce qui se trame dans mes tourments nocturnes. Je me suis, soudainement, sentie moins seule dans ma manière de voir le monde, et c’est ce que m’a offert cet ouvrage. J’ai vu mes phrases, ma vision et mes ressentis. Et dieu sait qu’il est réconfortant de se sentir « ensemble ».


Mais l’heure n’est pas à la confidence, alors hâtons-nous de présenter cette douceur littéraire qui n’est malheureusement plus éditée et n’est (probablement) présente que dans les bibliothèques familiales.



En 3 points → Polynésie, nature, souvenirs



 


ANATOMIE DE L'OUVRAGE


De sa petitesse, il n’en demeure pas moins un grand ouvrage qui a sa place dans les programmes de littérature océanienne. Néanmoins, nous nous égarons dans notre volonté de changer le monde, alors revenons au corps de cet ouvrage.


Ces poèmes sont décrits par l’auteur comme des « reflets », des petits écrits, des poèmes sur, des poèmes pour, des reflets dans le lac de sa vision, des scintillements dans son esprit et une nitescence dans l’obscurité de nos nuits.

Ces quelques mots rédigés en français ont leur traduction en tahitien. Un choix non négligeable qui donne tout son sens. La traduction a été effectuée par le pasteur Eugène et Hubert Bremond (responsable du Département Culturel de la MJMC de Paofai).


Enfin, chaque poème est illustré des quelques coups de crayons réalisés par Rui Juventin. Une ponctuation de plus qui agrémente notre imaginaire si toutefois nous nous étions égarés dans la cartographie de notre mémoire.




DES PRÉLIMINAIRES EN ÉMOIS


Dès la première page, je me suis fait happer par cette affinité ressentie dans ces tournures familières.


« Jadis tu étais vénérée, respectée. Les hommes d'alors venaient en procession.
Partout ce n'étaient que des exclamations. Aujourd'hui tu es muette, oubliée. », OROHENA.

D’autant plus avec cette apostrophe de la nature.


« Aujourd'hui, si je me lamente autant,
C'est que oubliant la sagesse d'antan,
Ces sots cueillent aussi mes feuilles vertes
Ignorant qu'ils causent ainsi leur perte. », FARA ITI.

Mais cela n’est point innovant me diriez-vous. Certes, seulement, tout réside dans la manipulation de ces mots qui résonne. Tout comme les lieux qui y sont mentionnés.


« Vai mā source des dieux
Symbole de la pureté
Tu sors des ténèbres pour venir à la lumière. », VAI MA.

J’y entends le passé, l’Histoire et ses mémoires. J’y entends également notre présent, toujours d’actualité malgré une édition effectuée en 1982.


« "Vavau de mes ancêtres "O Vavau",
Je te cherche errant sous les pūrau
Mais hélas les temps sont révolus.
Taaroa, Oro, tout est perdu. », PORA-PORA I TE HOE MAMU.

Nous avons perdu ce mystère, nous perdons cette énergie ou plutôt, nous l’oublions ?

Je ne peux que m’arrêter ici dans la fragmentation de ces quelques poèmes car ceux-ci n’ont plus de sens dans le démembrement.



UN METS POUR QUELLE DILETTANTE ?


La lecture se fait sans grand encombre car ce sont des petites gourmandises littéraires qui se dégustent si facilement et sans modération que cela en devient frustrant. Comparable à la dégustation de petits fours croustillants, aux odeurs et aux saveurs des plus exquises, c’est toujours avec angoisse que nous observons leurs nombres diminuer à mesure que notre bras s’étend pour les attraper et les gober sans sommation.

Toutefois, les secondes lectures ont toujours ce charme de naguère. Il est donc fort évident que ce mets est très facilement accessible et que je recommande promptement si sa présence se fait apercevoir dans les bibliothèques de vos aïeux.


PS : Comme remarqué, je ne suis pas sûre de l’édition, elle n’est pas clairement mentionnée dans le livre. Après des recherches sur internet, il y en a eu une effectuée à Veia Rai, mais ce n’est point celle-ci (l'édition que j'ai, est un deuxième tirage dont le premier éditeur est inconnu).



MANU-TAHI, Charles Teriiteanuanua. Poète du temps passé. Ed. ??, 1982


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