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Le Rat-Porcinet - « Le silence et la solitude, un ami cher à l'expression »

Photo du rédacteur: Maanu RMDMaanu RMD

Dernière mise à jour : 5 févr.

Salut les Rat-Poreux taciturnes,

Le Rat-Porcinet - « Le silence et la solitude, un ami cher à l'expression » Manutea Rambaud maanurmd photographie le rat-porc francophone pacifique océanie moderne article rat porc échange artistes art sensibles de l’art polynésie française tahiti

On entend souvent dire que les artistes sont des personnes « un peu à part, bizarres, avec des délires chelous dont il ne sert à rien d’essayer de comprendre le sens car, de toute façon, ils sont trop perchés dans leur tête. Et puis, vous savez, les artistes, ça prend de la drogue c’est commun, pour faire des trucs aussi étranges ! Ce sont un peu nos saltimbanques : ils ne sont pas très utiles mais on aime bien rigoler d’eux d’un air niais avec désinvolture comme s’ils traînaient avec eux la peste et le choléra ».

Mais soit, je me suis encore perdue dans de la dénonciation stéréotypée de gens dit « normaux », mais un peu nuls dans les arguments et surtout coincés du cul pour soutenir des propos aussi méchants et bas, voire médiocres en termes d’originalité et d’impact.


Ce que je vous propose aujourd’hui, c’est de partir à la conquête des artistes dans une partie infime de leur vie, ce petit « truc » ultra important dans la créativité (mais pas que, et non général à tous car, rappelons-nous, nous sommes tous différents et unique, c’est ça qui fait la beauté de l’univers).


Voyons donc ensemble ce que le silence et la solitude ont comme richesse dans l’expression artistique d’un humain : 

  • L'extériorisation par le silence 

  • L'écriture dans le mutisme 

  • Les conséquences d’une interruption



L'extériorisation par le silence 


L’extériorisation par le silence, ça commence tout simplement par une étincelle dans le vide : l’inspiration. Ou du moins, c’est ainsi qu’on l’appelle, je ne sais pas réellement si c’est de « l’inspiration » qu’il s’agit mais on utilisera ce terme plutôt commun à tous pour discutailler de ce sujet. On peut aussi l’appeler le néant, les murmures, la petite voix dans la tête, la lumière qui traverse le corps ou encore, les coups de génie.


L’inspiration dans le vide, ce sont ces moments assez banal d’oisiveté, de « coupure » avec le reste du monde ou d’ennui qui survient assez abruptement sans crier gare dans l’esprit à l’allure d’un chat noir qui saute d’une boîte poussiéreuse que l’on ouvre après des années passées dans le grenier, nous faisant pousser un cris des plus féminins aux plus masculins d’entre nous, jusqu’à ce que la réalité revienne et que l’on se demande comment ce chat s’est trouvé là-dedans sans crever d’intoxication par inhalation de poussière ou tout bonnement de faim.


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L’inspiration arrive donc, bien généralement, durant une balade en voiture, dans les moments de solitude, de silence et de musique, quand on pense à autre chose, à presque rien, juste le regard dans le vide. Elle vient sans s'annoncer, et c’est à ce moment précis que l'on doit prestement noter les idées avant qu'elles ne disparaissent à jamais. Que cela soit dans un sommeil à demi éveillé à des heures tardives et indécentes, au cours d’une transaction intestinale assez intime, durant les bouchons matinaux en fin de la RDO ou même au cours d’une discussion que l’on écoute d’une oreille (mais qui fait surgir des idées à écrire). 


Alors, armé d’un stylo à portée de main et plongeant au fond du sac pour attraper le calepin à idée, c’est avec une agitation mouvementée qui dérange les autres dans leur bulle de conversation que l’on se précipite pour écrire ce qui passe dans notre tête, au risque de perdre les bons mots et les bonnes phrases. Car même si on attend plus tard, tout sera différent et d’un impact moindre que l’idée initiale, malgré des tentatives acharnées demeurant vaines.



L'écriture dans le mutisme 


Ainsi, c'est souvent dans le silence que l'expression se crée, se développe et s'exprime avec aisance, sans lourdeur ou malaisance. Ça glisse comme une vague sur le récif, une belle gauche qui se forme par un doux vent d’Est dans une mousse à peine perceptible, poussé par le sel des embruns.


Et pourtant, si l’on tentait d’exprimer à l’oral dans l’instant présent et précis de la pensée promptement apparue, son déroulement naturel s’en trouverait annulé, envolé, volatilisé. Incompréhensible mécanisme mais réel. De telle manière que, l’illusoire tentative de vouloir oraliser et verbaliser les mots qui vocalisent dans la tête, (un processus à l’origine assez naturel) devient un arrêt d'urgence des plus assourdissants à l'allure d'un frein à main brutalement relevé dans un tournant serré, faisant crisser les pneus de la voiture dans un drift non contrôlé et brûlant le caoutchouc sur le goudron fraîchement posé.


En conséquence, les vibrations de la voix font taire les murmures internes et construisent instantanément une barrière à l'expression, comme si ces murmures devaient rester personnels et non oralisés (pour ma part en tout cas).


C'est sûrement cela, une des malédictions de l'écrivain :
Avoir des difficultés à s'exprimer et avoir une relation incomprise voire trop intime avec le silence. 

Je pense que cela contribue également à ce petit péché mignon des personnes qui écrivent : ces moments de douceur solitaire lorsque la pluie battante crie sur les tôles mouvantes, garni de ce café encore chaud qui brûle les lèvres trop avides de chaleur pour entamer l'écriture de ces pensées volatiles, beaucoup trop éphémères, subtiles mais sincères. Elles sont là pour nous, pour soi, mais aussi pour les autres si on souhaite les partager. Le mutisme se brise ainsi dans l'expression écrite. Tout prend vie et la pensée peut s'exprimer sans soucis, sans peur d'être coupée, sans être tue par un bruit parasite. Tout simplement, elle glisse sur le papier sans un pli, sans une corne. Elle s'exprime.



Les conséquences d’une interruption


Mais ce qui est terrible dans cette histoire, ce sont les interruptions intempestives qu’Autrui peut faire dans le processus d’écriture notamment (puisque sujette à ces tentatives journalières dans un essai vain de vouloir juste poser quelques mots sur un papier ou un clavier). Car, ce qui est incompréhensible pour Autrui c’est que lorsque l’idée vient et qu’elle est interrompue :


c’est fini, nada, plus rien, tchao bye bye, arrivederci !

Aucune possibilité de retrouver le fil de la pensée. Et non, pas de fil d’Ariane possible pour pouvoir retrouver son chemin dans ce labyrinthe d’idées rangées et disparates dont le pied se prend dans chacune de ces pensées volatiles. Le ballon d’hélium est lâché et il prend son envol vers de nouveaux cieux, nous laissant pleurer les bras ballants sur la terre ferme en imaginant les aventures extraordinaires qu’on aurait pu partager avec lui.

Alors oui, on peut nous trouver assez aigri, incompris, chiant et râleur mais l’interruption est réellement quelque chose de frustrant et de déprimant. 


Non non, je n’exagère pas.

On peut commencer à écrire, se sentir lancé et pousser des ailes, à créer des rimes inconscientes, à laisser son fil de pensée nous envahir par des émotions silencieuses et un sourire invisible et puis c’est la chute : Qu’est-ce que tu fais ? ; Est-ce que tu peux m’aider ? Où se trouvent tes ciseaux ? 

Ces questions si simples et non intrusives de manière générale, deviennent un fléau qui embrase la maison de notre inspiration, réduisant en cendre tout ce que l’on était en train de construire de nos petites mains sensibles, c’est une vague de plusieurs mètres de hauteur qui engloutit tout un imaginaire et une cité entière de constructions mentales, ne laissant derrière elle que des débris à peine tangibles. C’est une tempête de sable aveuglante qui emporte toute la délicatesse d’une peau douce et généreuse, fouettée par les grains de sables vivaces portés par des vents furax.


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Enfin soit, voici donc comment m'est perçue la perte de l’idée lorsqu'on parle à une personne penchée sur son travail. C’est une inspiration qui s’envole à tout jamais dans le cloud des idées, perdue, qu’une autre personne pourra utiliser, puisque notre date d’expiration pour l’exploitation de la nôtre est arrivée à terme (de manière prématurée, mais arrivée).



 


Voici donc la fin de cet article au sujet du silence et de la solitude autour de l’acte de la création. Il est évident (comme d’habitude l’on se répète mais jamais assez), que certaines personnes ont besoin de sociabilité, de voix, de personnes créatives autour d’elles pour être motivées et stimulées, que d’autres préfèrent la solitude accompagné de musique et d’ambiance activant tous les sens, et que d’autres optent comme en haut, les moments de silence dans la solitude recherchée. Il s’agit bien entendu que de pauvres exemples pour ne pas généraliser les propos précédents et ainsi montrer les différentes possibilités.


Aussi, je sens que l’on me demandera « mais comment interrompre quelqu’un en pleine création ? ». Et bien, je n’ai pas la réponse magique à cela, mais déjà, ne pas l’appeler à tout-va sachant que ladite personne est en plein travail (cela serait un bon début). Et je pense qu’une approche discrète sans cris ni fracas peut être un commencement, à tester et à adapter en fonction des personnalités de chacun.


A très vite pour de nouvelles aventures de pensées tarabiscotées.

LOVE.

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